mercredi 25 août 2010

Les écologistes à l'heure du passage à l'âge adulte

Les écologistes à l'heure du passage à l'âge adulte: "

Souvenez-vous,

après leurs succès électoraux aux européennes et régionales, les écologistes

–et en premier lieu Daniel

Cohn-Bendit
– expliquaient qu’il fallait créer une

structure plus large
, plus ouverte que les Verts… Qu’il fallait même

inventer une forme d’organisation nouvelle, participative, ultra démocratique,

pourquoi pas sans militants, avec uniquement des volontaires occasionnels, des

internautes qui interviendraient dans le cadre d’un débat permanent au sein

d’une grande maison ouverte tournée vers la société, une organisation

protéiforme, débarrassée des structures partisanes et de la bureaucratie des

partis politiques classiques. En gros, un truc défini par plein de jolis mots

autant à la mode que creux.


Maturité politique


Donc, ce qui devait arriver arriva: les écologistes

vont bientôt accoucher, d’un… parti

politique
(Europe Ecologie) des plus classiques, plus important et

diversifié que les Verts, certes, mais avec des militants colleurs d’affiches,

un joli site Internet, des instances dirigeantes, un secrétaire général et

peut-être même –c’est dire–, un président (même l’UMP n’a plus de président)!

C’est en tout cas ce qui se dessine après la réunion de ce week-end. On

pourrait en conclure rapidement que les écolos ont raté leur opération de

modernisation. Mais ce serait aller trop vite. Ils finissent par faire un parti

parce que (même si ça paraît ringard) c’est quand même la seule façon

démocratique que l’on ait trouvée pour élaborer un programme et désigner des

responsables qui ont vocation à exercer le pouvoir. En revenir à un parti

classique ne veut pas dire que les écolos font du surplace… ils évoluent et

font même preuve d’une certaine maturité politique. Le fait, par exemple, que,

lors des débats de Nantes une table ronde ait été intitulée «Que ferait un

ministre de l’Intérieur écologiste» montre bien que les écologistes ne limitent

plus leur propositions aux seuls domaines environnementaux ou économiques ou à

la protestation antisystème pour tout le reste.


Pourtant, Daniel

Cohn-Bendit n’a pas l’air satisfait de cette évolution. Il

fait un peu sa star
. Il exagère, parce qu’effectivement Europe Ecologie

n’aura pas la forme moderniste dont il rêvait et parlait sans toutefois n’avoir

jamais réussi à la définir précisément… Mais si l’on regarde de plus près, sur

le fond, les écologistes français évoluent peu ou prou selon ce que souhaite et

ce que défend régulièrement l’ancien leader de 68. Le

choix quasiment entériné d’Eva Joly
pour la présidentielle en est la

preuve. Eva Joly n’est pas la personnalité gauchiste, altermondialiste,

enfermée sur l’environnement ou la contestation de tout que dénonce Cohn-Bendit

quand il étrille ses amis écolos. Le fait que les Verts se retrouvent derrière

cette candidature qui peut séduire de José Bové au centre droit, devrait

suffire au bonheur de Daniel Cohn-Bendit et lui prouver qu’il a quasiment gagné

la partie de l’évolution idéologique.


Dany, la grand-mère et la liberté


Son agacement

ressemble, du coup, à une blessure d’égo. Cohn-Bendit refuse

d’être candidat
, de prendre la tête d’Europe Ecologie et puis il râle…

Il est un peu comme la grand-mère, à table, à qui l’on propose en premier de se

resservir du gâteau. Pour montrer qu’elle est bien bonne, elle se sacrifie et

refuse et puis bougonne quand elle s’aperçoit que, du coup, il n’y en a plus

pour elle! Daniel Cohn-Bendit, lui, a trouvé une

jolie formule
, un peu plus avantageuse que ma comparaison avec la

grand-mère râleuse… Il dit: «Si ça

continue, je démissionne de mon poste de Zorro.»
N’en croyez rien. Il ne

brigue aucune fonction et cette distance vis-à-vis du pouvoir lui confère une

liberté et un ton de sincérité très efficaces (il s’en grise assez souvent,

d’ailleurs). C’est aussi pour ça que l’on peut parier que, malgré sa mauvaise

humeur capricieuse, il gardera son poste de Zorro médiatique des écolos.


Thomas Legrand


Photo: Cécile Duflot, Eva Joly, Daniel Cohn-Bendit aux journées d'été des Verts, le 20 août 2010 à Notre-Dame-des-Landes. REUTERS/Stephane Mahe

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