jeudi 26 août 2010

Le commerce, c'est toujours l'avenir

Le commerce, c'est toujours l'avenir: "

«Je n’ai qu’un mot à te dire», lance M. McGuire à Benjamin Braddock, incarné par Dustin Hoffman, dans Le Lauréat.

«Rien qu’un mot: plastique». Quel conseil qui tienne en un mot pourrait bien prodiguer un entrepreneur chevronné

à un étudiant fraîchement sorti de la fac ou d’une école? Chine? Inde? Hedge fund (aïe, ça fait deux mots!)?

Pourquoi pas commerce
?


A la mi-août, le ministère américain du Commerce a annoncé que le déficit commercial des Etats-Unis avait

enregistré une pointe de près de 50 milliards de dollars

[39 milliards d’euros] au mois de juin. A la suite de quoi les prophètes de

malheur se sont réveillés. Les importations, qui avaient explosé pour atteindre

200,3 milliards de dollars [156,5 milliards d’euros] en juin, n’entrent

pas dans le calcul du Produit intérieur brut. Si de tels équilibres des échanges

persistent, avertissent les pessimistes, ils risquent de contribuer à un

ralentissement de la croissance.


Le commerce génère de l’expansion


On peut toutefois analyser les données des échanges commerciaux autrement. Sur

ces deux dernières années, les chiffres des importations et des exportations ne

semblent pas signaler une «seconde» récession – c’est-à-dire une nouvelle baisse

du niveau de l’activité économique globale des Etats-Unis – mais au

contraire une certaine expansion.


En juin 2010, les importations se situaient à 200,3 milliards de

dollars [156,5 milliards d’euros] et les exportations à 150,5 milliards de

dollars [122,2 milliards d’euros], soit des échanges de biens et de

services totalisant 350,8 milliards de dollars. Sur

le même mois de l’année précédente (juin 2009), les importations représentaient

155 milliards de dollars et les exportations 128

milliards de dollars; le total des échanges de

biens et de services s’établissait alors à 283 milliards de dollars.


En d’autres termes, en juin dernier, le volume du commerce international américain

avait augmenté de près de 24% en un an (les exportations et les importations ayant

respectivement gagné 17,5 et 29%).


Bien que ces échanges soient loin de leur pic (en juillet 2008, alors

que les exportations se situaient à 165 milliards de dollars et les importations à 232 milliards de dollars, le total mensuel approchait les 400 milliards de dollars), au cours de l'année 2010, le ralentissement de la croissance a

donné de l’élan aux échanges commerciaux. Juin 2010, les exportations avaient

augmenté de 5% par rapport à décembre 2009, les importations de 10,5%.


Un cercle vertueux


Ce volume en hausse du commerce – l’échange de flux croissants de

marchandises et de services entre les Etats-Unis et l’étranger – profite à de

nombreux secteurs. Les entreprises spécialisées dans le transport (par bateau,

camion, train) ou la logistique ont toutes enregistré des résultats dépassant

leurs attentes. Ce phénomène revitalise les marchés étrangers, créant ainsi un

cercle vertueux: plus les Etats-Unis importent, plus les revenus de leurs

partenaires commerciaux augmentent dans le monde, ce qui donne un coup de fouet

aux exportations américaines. En effet, un plus grand nombre d’étrangers a les

moyens d’acheter les produits fabriqués et commercialisés par les Américains.


Cet essor des échanges fait aussi du bien aux professionnels dont l’activité

dépend directement de l’état du commerce, notamment les producteurs de denrées

dont le cours est fixé par la demande mondiale: produits alimentaires,

minéraux, métaux, pétrole, etc.


Bien que les exportations semblent toujours à la traîne, chaque jour qui

passe, les sociétés américaines s’impliquent un peu plus dans l’économie

mondiale. Tous les mois, General Motors (GM) vend autant de voitures en Chine

qu’aux Etats-Unis. Même si cela n’a pas d’incidence sur les importations, le

bilan de GM en bénéficie (ce qui stabilise, du même coup, les postes des cadres

basés aux Etats-Unis).


Deux défis considérables


Pour les Etats-Unis, l’un des défis de taille consiste à relancer la demande

nationale, encore faible. Les Américains remboursent leurs crédits, épargnent

davantage et dépensent avec parcimonie. Après la crise, rien de vraiment

étonnant… Mais un autre challenge est encore plus important. Les entreprises

implantées aux Etats-Unis (PME et gros groupes) réussiront-elles à se procurer

une part de la demande mondiale croissante? Pour rattraper leur retard, à moins

de se délocaliser en Inde, au Brésil ou en Chine, le meilleur moyen est de

miser sur le commerce. Je rappelle ce qui peut apparaître comme une évidence: faire

du commerce avec nos amis et nos voisins ne suffit plus.


Dans le secteur de l’information, parallèlement aux initiatives visant à

monétiser le «coup d’œil» des internautes aux Etats-Unis, les médias intelligents

devraient aussi chercher à investir dans de nouvelles entreprises à l’étranger

(Slate.fr

est un bon exemple.)


Si Newsweek a

connu bien des difficultés au niveau national, de nombreux médias étrangers ont

acheté des droits pour pouvoir utiliser le nom et les contenus du magazine et

en faire des versions locales en langue étrangère. Newsweek Pakistan
va bientôt être lancé. J’ai beaucoup de mal à comprendre pourquoi tous les groupes

de presse américains ne mettent pas en place une stratégie commerciale

agressive pour s’implanter profondément en Inde. De même, pourquoi les hôtels de

luxe et autres formes d’hébergements haut de gamme ne s’efforcent pas d’attirer

les Chinois (plus de 20% de la population mondiale!) qui ont les moyens et le

désir de faire du tourisme aux Etats-Unis?


Les entreprises et les particuliers qui n’ont pas de stratégie pour exporter

plus ou s’investir davantage dans les marchées étrangers, ou pour jouer un rôle

dans le commerce international, laissent passer un énorme filon.


D’où mon conseil, en un mot: commerce.


Daniel

Gross


Traduit par Micha Cziffra


Photo: Le port de Melbourne Mick Tsikas / Reuters


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