dimanche 24 octobre 2010

La Terre d'un clic : du bon usage des satellites

La Terre d'un clic : du bon usage des satellites: "Extrait de l'introduction

RÉVOLUTION

«Son appartement était au septième. Winston, qui avait trente-neuf ans et souffrait d'un ulcère variqueux au-dessus de la cheville droite, montait lentement. Il s'arrêta plusieurs fois en chemin pour se reposer. À chaque palier, sur une affiche collée au mur, face à la cage de l'ascenseur, l'énorme visage vous fixait du regard. C'était un de ces portraits arrangés de telle sorte que les yeux semblent suivre celui qui passe. Une légende, sous le portrait, disait : BIG BROTHER VOUS REGARDE.»
George Orwell, 1984, 1949.

Soixante ans après la mort de George Orwell, son auteur, la célèbre formule «BIG BROTHER VOUS REGARDE» n'a pas perdu une ride ; beaucoup s'inquiètent même d'y voir une prophétie en train de se réaliser grâce aux multiples systèmes de surveillance et de traçabilité dont nos sociétés sont en train de se munir, bien entendu au nom de leur sécurité et de celle de leurs membres. Pour ce faire, Big Brother n'use pas seulement (ou pas encore) du télécran imaginé par l'écrivain anglais : il prend la taille et le nom des puces pour se loger sur une carte bancaire ou de transport ; il s'envole vers les étoiles pour user de la vue perçante des satellites. Tout le monde et constamment peut se demander s'il n'est pas sous surveillance. Cette évolution, cette révolution est-elle seulement technique ?

De l'oeil de Dieu aux satellites

L'astronomie moderne est née il y a quatre siècles. Sous sa pression, les sphères de cristal qui entouraient jusqu'alors notre planète ne tardent pas à disparaître et le silence un peu froid du cosmos des Anciens à être remplacé par le bruit tonitruant du big-bang. La Terre elle-même, avec la complicité des astronomes révolutionnaires, s'échappe de l'endroit où une cosmologie dualiste et religieuse l'avait assignée à résidence : si l'univers est déclaré, tout comme notre planète, imparfait et changeant, alors rien n'empêche l'homme de s'y déplacer avec la liberté que lui octroie la mécanique devenue céleste. Le temps d'un monde clos sur lui-même est révolu ; l'univers lui-même est devenu une sphère dont le centre est partout et la circonférence nulle part. Le monde sur lequel veillait l'oeil de Dieu, hautain, scrutateur ou bienveillant, a volé en éclats ; le régisseur divin de cet immense theatrum mundi, de ce vaste théâtre du monde a été renvoyé."

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