Réseau Education Sans Frontières organise samedi 18 septembre 'Rock sans papiers', un concert en soutien aux sans-papiers. Interrogé par Nouvelobs.com, Richard Moyon dénonce la corrélation faite par le président entre immigration et délinquance.
L'affiche de 'Rock sans papiers' (DR) Pouvez-vous présenter le concert 'Rock sans papiers', qui se tient samedi 18 septembre, à Paris-Bercy ?
- L'affiche de Rock sans papiers est éloquente. Des artistes prestigieux se produisent dans la plus grande salle de spectacle du pays pour manifester leur solidarité avec les sans-papiers. Politique d'expulsions, projet de loi Besson relatif à l'immigration, propos de Nicolas Sarkozy cet été… Il y a 10.000 raisons pour que les artistes se mobilisent.
Comment jugez-vous le virage sécuritaire pris par le gouvernement cet été ?
- Ce n'est pas un virage sécuritaire. Cela fait dix ans que Nicolas Sarkozy dit se battre sur le terrain de la sécurité. Or, il ne fait qu'établir une corrélation entre immigration et délinquance. Si jusque-là, il l'a fait de manière implicite, depuis cet été, son discours est clair.
Je suis enseignant dans un lycée professionnel où la moitié des jeunes sont d'origine africaine. Les propos de Nicolas Sarkozy sont perçus comme une gifle. Il y a des personnes à qui l'on dit : 'vous n'êtes pas des Français de souche'. C'est insupportable.
Et, fait nouveau, une catégorie de la population est stigmatisée : les Roms.
Ce durcissement du ton a-t-il des conséquences sur votre travail associatif ?
- On ne lâche rien. Nous nous battons avec toutes les autres associations : la Cimade, la Ligue des droits de l'Homme. .. Mais maintenant, les partis politiques doivent prendre la tête de ce courant qui s'oppose à la politique xénophobe du gouvernement. On a des chances de gagner. Le sondage du Figaro qui a suivi les annonces sécuritaires du gouvernement a pu laisser croire à Nicolas Sarkozy qu'il avait raison de s'engager dans cette voie. (NDLR :80% des Français se disaient favorables à la déchéance de la nationalité pour les ressortissants d'origine étrangère coupable de polygamie ou d'incitation à l'excision.) Mais cette étude ne reflète pas, selon moi, l'opinion de la population. Le pari que je fais, c'est celui d'une évolution telle celle qui s'est produite aux Etats-Unis. Il y a 4 ou 5 ans personne n'aurait jamais parié sur l'élection de Barack Obama. La population française est fière de son métissage. L'immigré, c'est mon collègue en salle des profs, mon chirurgien, c'est aussi un sportif ...
Par ailleurs, la condamnation de la politique menée par la France à l'égard des Roms exprimée par le Parlement européen et le Vatican, qui ne sont pas les autorités morales les plus progressistes, prouvent bien qu'il y a quelque chose qui ne va pas.
Interview de Richard Moyon, militant de RESF (Réseau éducation sans frontières) par Bérénice Rocfort-Giovanni
(le lundi 13 septembre 2010)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire