Vous avez sûrement repéré ces dessins qui habillent certains murs de la ville. Un SDF sur un banc, un jeune homme encapuchonné… Ces trompe-l’oeil sont réalisés par un collectif caennais de street-art, baptisé « Murmure ». Ils viennent d’habiller un entrepôt de l’ancienne Société métallurgique de Normandie (SMN).
« Murmure », qui êtes-vous ?
Nous sommes un collectif de quatre garçons et nous souhaitons rester anonymes. Nous avons monté une agence de communication, il y a un an. Nous l’avons appelée « Murmure ». Dans notre agence, nous travaillons beaucoup et avons certaines contraintes artistiques. Cette activité annexe est un défouloir. Nous souhaitons faire de la rue, à la fois une galerie urbaine et un espace de jeux, et faire en sorte que les gens soient interpellés.
Comment réalisez-vous vos trompe-l’oeil ?
Ils sont à l’échelle humaine. Cela permet de renforcer le côté trompe-l’oeil. Nous dessinons l’original sur un papier, que nous photocopions. Nous nous promenons ensuite avec nos dessins dans les rues pour déterminer où nous allons les coller. Nous en avons collé environ 200 à Caen, certains ont été arrachés. Mais nous en avons installé aussi dans plusieurs villes de France, ainsi qu’à Prague, New York ou encore Barcelone.
Des portraits de SDF, de quatre mètres sur trois
Et cela ne vous dérange pas que l’on arrache vos dessins ?
Cela fait partie du jeu. Nous trouvons que cette démarche est intéressante. Le fait d’arracher notre travail donne une nouvelle vie à nos dessins et un autre sens. Il fusionne davantage avec le mur. Arracher telle ou telle partie, change la portée de notre travail…
Vous venez aussi d’investir l’ex-Société métallurgique de Normandie, à Colombelles…
Effectivement, dans un entrepôt de l’ancienne SMN, nous avons installé des portraits de SDF, sur les murs. Nous mettons en avant ces personnes dans nos réalisations, car elles font partie de la rue et on n’en parle pas assez, notamment dans la publicité où nous voyons uniquement des choses esthétiques. Leurs visages, abîmés par la rue, se fondent avec les irrégularités et défauts des murs. La grandeur des portraits – quatre mètres sur trois – nous permet de faire ressortir les pores de la peau. Il y a comme une fusion avec le mur. Sur ces portraits, quelques lignes ont été écrites pour expliquer notre démarche et ainsi forcer le spectateur à se rapprocher de notre travail, et donc du SDF.
Quels sont vos projets ?
Nous allons installer d’autres trompe-l’oeil. Notamment un qui représentera des policiers juchés sur des autruches, ou encore une mamie qui passe à tabac une racaille en référence à ce qui s’est passé en Angleterre (Ndlr : une grand-mère a mis en fuite des braqueurs à l’aide de son sac à main). Nous nous inspirons beaucoup du quotidien. Nous dessinons toujours sur les murs, des portes, dont les contours sont tracés à la craie, et nous collons une vraie poignée, à hauteur d’enfant. Car nous essayons aussi de plaire aux enfants…
Propos recueillis
par Cynthia Poullard
Ce que je voudrais faire à Rouen ,Caen commence à le faire,l'art peut dynamiser la rue et approcher ceux et celles qui n'osent pas aller vers les musées,les lieux culturels.
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