Le musée Réattu, musée des beaux-arts et d’art contemporain de la ville d’Arles, se vit avant tout comme un laboratoire voué à la création, une chambre d’écho pour des collections variées: peinture, sculpture, photographie, art sonore, dessin, vidéo, installations, design...
Pratiquant la commande aux artistes et le mélange des disciplines, le musée invite cet été Charlotte Charbonnel dans le cadre de l’exposition «musée réattu | sur mesures».
Née en 1980, Charlotte Charbonnel travaille aux frontières de la science et de l’art, en mêlant vidéo, sculpture et son. Elle nous invite dans son laboratoire, où les phénomènes naturels et physiques sont souvent les points de départ de ses recherches. Le dispositif qu’elle a imaginé puise dans l’énergie du lieu et répond à la présence du Rhône, la violence du vent et l’atmosphère souterraine des salles.
Une exposition-expérience
Située dans l’une des salles qui jouxtent le Rhône, en léger contrebas, l’exposition baigne dans une atmosphère sombre qui nous fait pénétrer dans l’intimité des recherches menées par Charlotte Charbonnel depuis cinq ans. Le projet initial visait à «faire entrer le Rhône, d’une manière ou d’une autre, dans le musée». Finalement l’artiste s’est tournée vers l’une des autres forces présentes dans le musée: le magnétisme. Les oeuvres présentées, recomposées ou créées in situ, participent de cette tension sous-jacente, de cette énergie qui sourd et se déploie dans l’espace.
Charlotte Charbonnel s’intéresse à «ce que l’on ne peut pas maîtriser, à cette alliance de beauté et de danger perceptibles lors de phénomènes naturels». «J’aime, explique-t-elle, cette idée de surprise provoquée par l’expérimentation permanente, par la vie propre de chaque oeuvre. Je fais de nombreux tests en amont, mais au final, le résultat reste complètement hors de contrôle. C’est un pari, une expérience... un travail de chercheur, d’explorateur».
Zone d’expérimentation
La matière première de ses oeuvres: le lieu qui les accueille. Son médium de prédilection: l’expérimentation. C’est ainsi que l’artiste-chercheuse, comme elle aime à se définir, présente d’étranges objets d’écoute qui captent l’atmosphère sonore des lieux, comme un hommage aux chuintements du Mistral (Echo); une vidéo fantasmatique (De 48°34’ à 18°) qui convoque l’astre solaire au coeur même des souterrains du musée; et un dispositif sonore interactif (Stéthosphères), offrant au visiteur l’occasion d’être acteur d’une expérience unique.
«Les ondes sonores aussi ne cessent de m’étonner. A une époque, je cherchais à écouter là où on ne peut pas entendre : je plaçais des micros au réfrigérateur ou au fond de l’eau... Ainsi sont nées les Stéthosphères. Il y a des choses dans le son que je ne comprends toujours pas, et c’est ce qui me fait avancer».
Capturer l’insaisissable
L’artiste a également inventé une machine magnétique (Resonarium), créé des dessins à la poudre de fer, et fabriqué la maquette d’un projet inédit, étonnant Colosse miniature... «Emprisonner des phénomènes impalpables est le défi que je me suis lancé. Dans Resonarium et Colosse, je me confronte à un matériau insaisissable: la limaille. Sans la force des aimants, cette poudre de fer retombe et la forme disparaît».
Énergie, ondes, vibrations et magnétisme sont l’essence de ce travail unique, à mi-chemin entre l’art et la science, l’expérience sensible et l’expérimentation.
Charlotte Charbonnel, Maquette pour Colosse, 2011. Limaille de fer, aimants, moteur.
Photos: © Frédéric Halna (en haut), © François Deladerrière (en bas)
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