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"Qu'il s'agisse de guerre civile, de pogroms ou d'autres conflits armés, le corps des femmes fait bien trop souvent partie du champs de bataille" constataient en 2008 Heleen Mees et Femke van Zeijl, dans une contribution au journal "Project Syndicate" intitulée "La guerre contre les femmes".
Elles rappellent que si le viol n'est pas un phénomène nouveau dans les conflits, son utilisation comme arme de guerre s'est affirmée au cours du XXème siècle, tout d'abord durant la seconde guerre mondiale, mais aussi lors de conflits
récents comme au Rwanda ou en ex-Yougoslavie, où le viol a été utilisé à grande échelle dans des buts de nettoyage ethnique, qu'il s'agisse de contaminer avec le VIH les femmes tutsies ou de violer les femmes musulmanes pour les empêcher de trouver un mari. C'est un journaliste américain qui donne le premier l'alerte dans les années 90 en affirmant que des serbes de Bosnie ont fait prisonniers des femmes qu'ils violent systématiquement et qui sont réduites à l'état d'esclaves sexuelles dans des camps. En 1998, le Tribunal pénal international pour le Rwanda reconnait le premier que les violences sexuelles sur les femmes sont constitutifs de crimes contre l'humanité, et font partie des éléments du génocide. Mais c'est l'affaire de Focà jugée devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie en 2007 qui va réellement faire évoluer le droit international sur ce sujet. Dans ce village de Bosnie-Herzégovine, à population moitié serbe moitié musulmane, s'est déroulée entre 1993 et 1995 l'une des pages les plus noires de l'histoire des conflits au 20ème siècle. Dans cette affaire, le Tribunal international considère pour la première fois que le viol constitue "une violation des lois ou coutumes de la guerre" autrement dit, il le classe comme un crime contre l'humanité, soit le crime le plus grave en matière de droit pénal international juste après le génocide. Ce jugement a été salué par les organisations de défense des droits de l'homme comme un tournant historique. Depuis d'autres juridictions internationales, comme le tribunal pénal international pour la Sierra Léone, ont continué de faire progresser cette notion juridique en l'étendant notamment aux mariages forcés pratiqués par les soldats de Charles Taylor durant ce conflit.
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