Les grands chefs, ambassadeurs de la cuisine française

Les grands chefs, ambassadeurs de la cuisine française:
En 2011, huit restaurants français ont été consacrés dans le "San Pellegrino World’s 50 best restaurants", le même qui a décerné le Prix Veuve Clicquot 2011 à Anne-Sophie Pic. Ambassadeurs culinaires, certains grands chefs français gèrent des restaurants partout dans le monde. En tête du palmarès, un Joël Robuchon, dont l’Atelier a été sacré meilleur restaurant du monde en 1994 par The International Herald Tribune. Il exerce notamment à Macao, Tokyo, Las Vegas et New York. Et, bien sûr, Alain Ducasse, qui a créé un véritable empire d’hôtellerie-restauration. Suivent Pierre Gagnaire à Tokyo, Dubaï, Séoul et Hong-Kong, Michel Troisgros à Moscou, Michel Bras à Hokkaido, Guy Savoy à Las Vegas, Hélène Darroze à Londres et les frères Laurent et Jacques Pourcel à Bangkok, Shanghai, Tokyo et Genève. Chefs dans l’âme, passionnés et créatifs, ils sont aussi devenus de véritables entrepreneurs, propriétaires de leur restaurant, gestionnaires ou encore conseillers renommés à l’instar d’Alain Ducasse.
Signe du succès international des cuisiniers français, l’association des Toques Blanches du monde a été créée en 2008 à l’initiative de Christophe Marguin, dont le restaurant est un fleuron de la gastronomie lyonnaise. Son but est de rassembler les chefs cuisiniers et pâtissiers français expatriés pour valoriser leur travail, développer la représentativité des entreprises hexagonales à l’étranger et mettre les chefs en relation les uns avec les autres. A ce jour, une quarantaine de chefs en sont membres. Les cuisiniers français bénéficient aussi de l’aura de la gastronomie française et de ses icônes -Auguste Escoffier, Fernand Point, Paul Bocuse… Paul Bocuse qui est d’ailleurs à l’origine du concours mondial de la cuisine, le Bocuse d’Or. Tous les deux ans, les meilleurs cuisiniers du monde s’y affrontent lors d’une amicale joute culinaire.
Alain Ducasse : « Mes racines me portent mais ne doivent en aucun cas m’attacher »
Pourquoi un tel poids de la gastronomie française ? Selon Yannick Alléno, chef du Meurice à Paris, « ce qui fait la richesse de la gastronomie française, c'est sa diversité. Beaucoup de cuisines se revendiquent d'une région ». Les chefs cuisiniers français s’inspirent de leur région natale, de leur histoire mais ne s’y limitent pas, à l’image d’Alain Ducasse : « Mon terroir mental est la réunion du Sud-Ouest d’où je viens et de la Méditerranée qui m’a séduit très tôt. Mais je suis aussi un cuisinier curieux et émancipé : mes racines me portent mais ne doivent en aucun cas m’attacher. Je voyage donc beaucoup, toujours à l’affût de nouvelles découvertes. » La cuisine française est une marque d’excellence mais elle sait s’adapter et s’émanciper de ses codes pour se tourner vers des produits et des techniques nouvelles originaires d’autres pays. Sur la carte cela donne, par exemple, du « chou farci à la langouste, talauma, caramel à la fleur de sel de nuoc mam et son nectar acide », par Didier Corlou, du Restaurant «Verticale » au Vietnam.
Ce succès international a également des répercussions positives sur le tourisme français. En effet, les grands noms de la cuisine sont de véritables marques et drainent une clientèle internationale. Désormais, les palaces se les disputent autant pour cuisiner que pour gérer, parfois à distance, leurs restaurants. La reconnaissance de la gastronomie profite également aux régions françaises, en attirant des touristes fortunés dans les maisons mères, comme l’explique Philippe Callot, professeur de management à l’université d’Angers : « Troisgros à Roanne, Michel Bras à Laguiole ou Régis Marcon à Saint-Bonnet-le-Froid participent à la réputation touristique de leur lieu d’ancrage ». Pour Meryem Cherkaoui, chef française installée au Maroc, « la France reste la France et on ne changera pas cela. Il y a plus d’étoiles à Tokyo qu’à Paris, mais à Tokyo, il y beaucoup de Français, ou des Japonais qui ont fait des formations en France ».