Dès que l’économiste tente d’ouvrir la bouche, on lui renvoie immanquablement à la figure « et l’homme dans tout cela ! » ou encore « vous évacuez la dimension humaine ». Cet argument est tellement systématique que l’on ne prend même plus le temps de bien écouter l’économiste.
Même si la théorie économique moderne a pris une forme totalement formalisée, il ne faut pas oublier qu’elle reste une science humaine par excellence. D’ailleurs, le langage mathématique est aussi le propre de l’homme (et il imbibe les disciplines les plus diverses comme l’architecture, la musique, la peinture ou la physique). Cependant, l’objet d’étude de l’économie ne saurait être un atome désincarné.
L’économie s’intéresse à l’homme, en prenant notamment en compte ce qu’il y a de plus fondamental dans la condition humaine : la conscience de soi (rationalité, décision, apprentissage), la capacité à innover et créer (c’est quasiment unique dans le monde vivant) et enfin l’appropriation : le sentiment de posséder légitimement les fruits de son travail. Toute organisation sociale ou politique qui ne tient pas compte de ces dimensions, ou qui prend les risques de les neutraliser, devient totalitaire, et donc littéralement inhumaine.
La conscience de soi implique la prise de conscience de sa propre mortalité. On se rend compte que notre temps est compté, donc il faut faire des choix. D’où la division du travail qui implique l’échange (ce qui oblige l’homme à vivre en société). C’est de cette prise de conscience qui vient la rareté, et donc la valeur, et les prix. Les prix ne sont que la traduction chiffrée du fait qu’il nous faut faire des choix (à quel prix), ce qui conduit à hiérarchiser nos priorités. En ce sens, l’argent c’est du temps (et non l’inverse). Le pouvoir d’achat, c’est le pouvoir d’acheter le temps des autres, car je ne peux pas tout faire tout seul (sauf à réduire considérablement mon niveau de vie). Car je n’ai tout simplement pas assez de temps devant moi.
L’économie s’intéresse à l’homme, en prenant notamment en compte ce qu’il y a de plus fondamental dans la condition humaine : la conscience de soi (rationalité, décision, apprentissage), la capacité à innover et créer (c’est quasiment unique dans le monde vivant) et enfin l’appropriation : le sentiment de posséder légitimement les fruits de son travail. Toute organisation sociale ou politique qui ne tient pas compte de ces dimensions, ou qui prend les risques de les neutraliser, devient totalitaire, et donc littéralement inhumaine.
La conscience de soi implique la prise de conscience de sa propre mortalité. On se rend compte que notre temps est compté, donc il faut faire des choix. D’où la division du travail qui implique l’échange (ce qui oblige l’homme à vivre en société). C’est de cette prise de conscience qui vient la rareté, et donc la valeur, et les prix. Les prix ne sont que la traduction chiffrée du fait qu’il nous faut faire des choix (à quel prix), ce qui conduit à hiérarchiser nos priorités. En ce sens, l’argent c’est du temps (et non l’inverse). Le pouvoir d’achat, c’est le pouvoir d’acheter le temps des autres, car je ne peux pas tout faire tout seul (sauf à réduire considérablement mon niveau de vie). Car je n’ai tout simplement pas assez de temps devant moi.
La conscience de soi implique aussi la rationalité. C’est une caractéristique humaine par excellence. L’araignée tisse sa toile en obéissant à un programme génétique. Le papillon de nuit se jette dans le feu, l’autre papillon le suit et se jette aveuglément. L’homme ne sait rien faire a priori, si ce n’est apprendre. S’il met le doigt dans le feu, il se brûle et en retire donc une information : c’est l’apprentissage. Il inventera une torche. C’est par l’apprentissage que le pré-homme a acquis la maîtrise du langage, des outils, de l’agriculture, de la chasse, qu’il est devenu homo sapiens.
L’homme est un créateur, un innovateur. L’araignée tisse toujours la même toile depuis des millions d’années. L’homme apprend sans cesse, et en apprenant, il innove sans cesse. Le premier homme a du se sentir bien démuni, bien handicapé face à la férocité des fauves, la vitesse des antilopes ou la puissance des mammouths. C’est ce handicap qui l’a poussé à innover. Car l’homme est le seul à détenir cette aptitude, qui lui permet d’apprendre pour s’adapter, transformant un handicap en innovation. La théorie économique en devenant une théorie de la croissance (La Richesse des Nations, l’ouvrage fondateur d’Adam Smith), en s’intéressant à la dynamique de l’économie, a mis l’innovation au cœur de ses analyses. Car n’oublions jamais que ce n’est pas la pauvreté qu’il s’agit d’expliquer (la pauvreté, c’est l’état naturel qui s’impose à l’homme), mais la richesse qui est contre-nature, qui est exceptionnel (et que l’on peut perdre si l’on ne comprend plus comment fonctionne l’économie).
Enfin, le sentiment de propriété est lié à la conscience de soi. L’homme a spontanément senti qu’il était le propriétaire légitime des fruits de son travail. En partant à la chasse pour chercher sa nourriture, l’homme mettait sa vie en jeu. Il pouvait lui-même devenir le gibier de prédateurs plus dangereux.
Ainsi, lorsqu’il revenait sain et sauf avec du gibier, il l’avait payé en prenant le risque (le prix du danger et de sa sueur). L’appropriation découle de l’énergie dépensée dans le travail et du risque encouru à cette occasion. Ce sentiment légitime et naturel de propriété est un des éléments qui conditionne grandement les choix et les comportements des individus. Ainsi, les systèmes politiques qui respectent et protègent le droit de propriété encourage les gens à produire des richesses. Bien-sûr, pour protéger la propriété, il faut un environnement juridique et institutionnel adapté (contrat, justice, police), et donc un certain environnement en termes de biens publics. Pour financer ce bien public, il faut donc prélever des impôts dans une certaine mesure. Ces impôts seront justes et légitimes dans la mesure où ils permettent de financer un appareil permettant de protéger le fruit du travail. Ils seront par contre ressenti comme une spoliation à partir du moment où les impôts pillent les fruits du travail eux-mêmes.
En ce sens, la propriété est intimement liée à la liberté. Dans la mesure où l’esclave ne s’appartient pas lui-même, les fruits de son travail ne lui appartiennent pas. Il est dégradé de sa condition d’homme libre. Or, l’homme est par nature un être libre dans la mesure où ses choix vont grandement dicter sa vie. Les animaux agissent par instinct, les hommes doivent faire des choix. Dans les pays totalement collectivisés, où la propriété privée n’est pas autorisée, les hommes sont libérés du fardeau et de la responsabilité de devoir faire des choix : parce qu’ils ne maîtrisent plus leur vie. Ils ne sont plus libres. C’est le propre des sociétés totalitaires dans lesquelles l’économie est totalement planifiée et contrôlée par l’Etat ou le Parti unique. Mais ces sociétés se heurtent à une aspiration profonde, ancrée au cœur de la condition humaine : l’être humain ne peut se passer de la liberté, et donc de la propriété de soi, et donc de la propriété des fruits de son travail.
L’homme est un créateur, un innovateur. L’araignée tisse toujours la même toile depuis des millions d’années. L’homme apprend sans cesse, et en apprenant, il innove sans cesse. Le premier homme a du se sentir bien démuni, bien handicapé face à la férocité des fauves, la vitesse des antilopes ou la puissance des mammouths. C’est ce handicap qui l’a poussé à innover. Car l’homme est le seul à détenir cette aptitude, qui lui permet d’apprendre pour s’adapter, transformant un handicap en innovation. La théorie économique en devenant une théorie de la croissance (La Richesse des Nations, l’ouvrage fondateur d’Adam Smith), en s’intéressant à la dynamique de l’économie, a mis l’innovation au cœur de ses analyses. Car n’oublions jamais que ce n’est pas la pauvreté qu’il s’agit d’expliquer (la pauvreté, c’est l’état naturel qui s’impose à l’homme), mais la richesse qui est contre-nature, qui est exceptionnel (et que l’on peut perdre si l’on ne comprend plus comment fonctionne l’économie).
Enfin, le sentiment de propriété est lié à la conscience de soi. L’homme a spontanément senti qu’il était le propriétaire légitime des fruits de son travail. En partant à la chasse pour chercher sa nourriture, l’homme mettait sa vie en jeu. Il pouvait lui-même devenir le gibier de prédateurs plus dangereux.
Ainsi, lorsqu’il revenait sain et sauf avec du gibier, il l’avait payé en prenant le risque (le prix du danger et de sa sueur). L’appropriation découle de l’énergie dépensée dans le travail et du risque encouru à cette occasion. Ce sentiment légitime et naturel de propriété est un des éléments qui conditionne grandement les choix et les comportements des individus. Ainsi, les systèmes politiques qui respectent et protègent le droit de propriété encourage les gens à produire des richesses. Bien-sûr, pour protéger la propriété, il faut un environnement juridique et institutionnel adapté (contrat, justice, police), et donc un certain environnement en termes de biens publics. Pour financer ce bien public, il faut donc prélever des impôts dans une certaine mesure. Ces impôts seront justes et légitimes dans la mesure où ils permettent de financer un appareil permettant de protéger le fruit du travail. Ils seront par contre ressenti comme une spoliation à partir du moment où les impôts pillent les fruits du travail eux-mêmes.
En ce sens, la propriété est intimement liée à la liberté. Dans la mesure où l’esclave ne s’appartient pas lui-même, les fruits de son travail ne lui appartiennent pas. Il est dégradé de sa condition d’homme libre. Or, l’homme est par nature un être libre dans la mesure où ses choix vont grandement dicter sa vie. Les animaux agissent par instinct, les hommes doivent faire des choix. Dans les pays totalement collectivisés, où la propriété privée n’est pas autorisée, les hommes sont libérés du fardeau et de la responsabilité de devoir faire des choix : parce qu’ils ne maîtrisent plus leur vie. Ils ne sont plus libres. C’est le propre des sociétés totalitaires dans lesquelles l’économie est totalement planifiée et contrôlée par l’Etat ou le Parti unique. Mais ces sociétés se heurtent à une aspiration profonde, ancrée au cœur de la condition humaine : l’être humain ne peut se passer de la liberté, et donc de la propriété de soi, et donc de la propriété des fruits de son travail.
D’où l’idée centrale d’une Constitution dans les pays libres : protéger l’individu des risques d’abus de pouvoir par l’Etat. Protéger la démocratie d’elle-même : après tout, Hitler est arrivé au pouvoir démocratiquement. Or, la loi de la majorité est une loi dangereuse dont il faut précieusement cantonner l’application (c’est donc à la Constitution de fixer les règles du jeu). On ne saurait généraliser la démocratie dans l’entreprise, à l’université, ou dans les familles sans propager du même coup le chaos. Il se trouve que la réflexion sur les droits de propriété, les incitations, les signaux du marché, la frontière entre biens publics et biens privés est un aspect essentiel de la théorie économique.
On le voit, l’homme dans ses aspirations les plus grandes, mais aussi parfois les plus contradictoires, est au cœur de la réflexion économique. Encore faut-il se donner la peine de bien comprendre toute la portée de ses enseignements.
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