samedi 4 septembre 2010

Dieu, la science et lui

Dieu, la science et lui: "

Stephen Hawking, qui vient de démontrer

scientifiquement que Dieu n'existe pas dans un livre encore à paraître, avait

pourtant prouvé le contraire dans un livre déjà paru. Franchement, faut

suivre.


De toute façon, je ne savais même pas qu'il avait

fait la preuve de l'existence d'un créateur de toutes choses dans sa Brève

histoire du temps
, dont je n'ai jamais dépassé la page quarante. Vous savez

ce que c'est: on s'enthousiasme pour un bouquin de vulgarisation parce que

tout le monde vous dit qu'il est «lumineux» mais, à la première formule

mathématique un peu complexe, vous décrochez. Enfin, peut-être pas vous, mais

moi si.


Sacré phénomène d'édition, cette Brève histoire

du temps
. Les jeunots ne s'en souviennent sans doute pas (c'était en 1988,

avant le Web, l'iPhone et Sarkozy, mais bien après le Big Bang, si ça vous aide

à vous situer dans la chronologie), mais c'était LE livre à avoir lu. Une sorte

de Houellebecq de la physique, ce Hawking…


En tout cas, et pour ce que j'avais compris du truc

à l'époque, s'il devenait possible de concevoir une théorie générale de

l'univers, une sorte d'équation qui régit le monde, c'est qu'il y avait forcément

un Dieu derrière tout ça. Je vous le livre à la louche, hein…


Mais dans le bouquin qui vient, Le grand dessein, que nous dit Stephen Hawking? Ou, à tout le moins, que nous dit Stephen

Hawking que nous puissions à peu près comprendre? Eh bien que Dieu

n'existe pas parce qu'Il n'est pas nécessaire à la création. Que la seule loi

de la gravitation suffit à expliquer que l'univers se soit auto-créé, une chose

en amenant une autre, etc.


Oh pétard, je ne sais pas pour vous, mais moi, je

ne suis pas plus avancé. Pourtant, s'il y a bien une chose que l'on aimerait

savoir au-delà de la composition du prochain gouvernement , c'est si Dieu

existe. Intuitivement, le Français du XXIe siècle élevé au jus des Lumières, de

la laïcité et de Claude Lévi-Strauss présume évidemment que la religion est une

pratique humaine réductible à sa dimension ethnoculturelle, un peu comme les

contes de fée participent de la formation intellectuelle et morale du petit

d'homme.


Mais à un autre niveau, et parce que «l'homme ne

vit pas que de pain»
(Deutéronome 8:2) et qu'il lui faut aussi un peu de

confiture spirituelle à mettre dessus, le même Français rationaliste a parfois

du mal avec le concept du rien. Notez d'ailleurs qu'il n'est pas le seul, Richard Dawkins, le biologiste britannique

spécialisé dans la révélation de l'inexistence du Très Haut, avoue lui-même

entretenir un doute résiduel. Dans son fameux Pour en finir avec Dieu, il établit en effet

une échelle de la foi graduée de 1 à 7 ―1 correspondant à la foi totale et

entière dans tout ce que raconte la Bible et 7 à l'athéisme le plus

absolu ― et se situe lui-même à 6, ce péteux…


Si même un type pareil doute de son doute, qui

sommes-nous pour avoir des certitudes? Surtout si l'on ne comprend rien à ce

que raconte Stephen Hawking et que ce n'est pas seulement parce qu'il a du mal

à s'exprimer du fait de la maladie neuromusculaire dont il souffre depuis des

années. Bah, à tout hasard et parce que je suis un type «de bonne volonté»

(Luc 2 :14), je lirai son nouveau livre. Mais si là encore, je ne dépasse pas

la page quarante, qu'on ne vienne pas me casser les pieds en me disant que je

n'ai pas fait d'effort pour répondre à la question «Et Dieu dans tout ça?»


Hugues Serraf


Photo: Stephen Hawking en juin 2010. REUTERS/Sheryl Nadler



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