Paul McCartney : l'empreinte d'un géant: "Extrait de l'avant-propos
OLDIES... BUT GOLDIES !
Lorsque, il y a maintenant plusieurs années, j'ai entamé la rédaction des pages qui suivent, je n'avais pas pris la juste mesure de ce qui m'attendait. Sans doute la naïveté ayant accompagné ce premier élan était-elle nécessaire à m'y propulser sans état d'âme. Aujourd'hui, avec le recul du travail accompli, je me rends compte que j'étais tel la fourmi s'apprêtant à escalader la pyramide de Khéops sans autre atout que sa grande légèreté. La pyramide étant, vous l'avez compris, l'incomparable et tumultueux parcours d'un certain Paul McCartney, jadis bassiste des Beatles, puis leader de la météorite Wings et enfin musicien affranchi et libre de ses mouvements qui, à l'heure où s'écrivent ces mots, écume une fois de plus les plus grands stades des États-Unis devant un public ne se lassant toujours pas de l'entendre égrener des chansons qui hantent l'inconscient collectif depuis maintenant un demi-siècle.
Étant né en mars 1956, alors que le jeune Presley jetait à la face du monde son légendaire Heartbreak Hôtel, il ne m'est pas déplaisant de penser que cette coïncidence fasse de moi un pur enfant du rock, comme on a désigné cette génération ayant biberonné et grandi aux sons des guitares électriques, et baigné dans le bouillon de culture des sixties dont il n'est pas utile de rappeler ce que la musique populaire lui doit, et vice versa. J'ai donc poussé au beau milieu des ondes radio qui en diffusaient les refrains, sans rien trier de ce qui, pour le meilleur et pour le pire, illuminait mes journées de gamin insouciant. Dans ce flot mélodique, j'aimais naturellement les chansons des Beatles, mais sans plus m'en préoccuper que cela, bien trop accaparé par d'autres divertissements de mon âge. Ce n'est que tout juste après la séparation du groupe que leur disque Oldies But Goldies, acheté d'occasion à un copain de lycée, a mis le feu aux poudres. Cette déjà ancienne compilation de 1966 a provoqué un irréversible électrochoc dans mon cerveau préadolescent, et je ne cesserais dès lors de poursuivre jusqu'à plus soif la découverte des trésors d'inventivité musicale que les Beatles ont laissés derrière eux, et désormais, je les suivrais d'année en année et avec une indéfectible curiosité dans leur parcours en solo. Jusqu'à aujourd'hui, cette indomptable passion ne m'a jamais fait défaut. Elle a par ailleurs orienté le cours de mon existence, m'incitant à travailler très vite dans le milieu musical, puis, par extension, dans celui des loisirs, du cinéma et de l'édition. Dans ma vie, la musique des Beatles a toujours fait office de bonne étoile dont la luminosité m'aura généralement guidé avec un certain bonheur. Son évocation a provoqué bien des rencontres, et même généré quelques amitiés durables.
Ce récit volontairement synthétique n'a, j'en suis sûr, strictement rien d'unique. Il est même probablement assez banal. Pour peu que leurs origines sociales et leurs moyens le leur aient permis, bon nombre des gens de mon âge ont suivi des chemins similaires, cherchant par tous les moyens à vivre autrement, selon des préceptes souvent incertains. Tout sauf l'ennui et la routine. On voulait quoi ? Un monde meilleur... et des jobs sympas. Les multiples reportages décrivant l'influence sociale et culturelle de la musique des années 60 et 70 échouent le plus souvent à en traduire avec justesse l'impact émancipateur qu'elle aura eu sur ces générations. Portées par les vagues successives d'une pop/rock envoûtante et fédératrice, elles ne ressemblent, je le crois, ni aux précédentes ni aux suivantes. Coincées dans leur rêve, mais vite rattrapées par des réalités plus prosaïques, elles en ont toutefois conservé quelque chose qui leur est propre, une façon de s'inscrire dans le monde un peu à la marge, à la fois optimiste et naïve, avec un reste d'idéalisme aux contours un peu flous."
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