Promesses : de la psychanalyse et de la littérature: "Extrait de la préface
«Écrire n'est pas enquêter sur un personnage, disait Evelyn Waugh dans une interview, c'est un exercice de la langue, et ça, ça m'obsède. La technique psychologique ne me dit rien. C'est le drame, le discours et les événements qui m'intéressent.» La psychanalyse tient évidemment des deux : c'est à la fois une enquête sur un personnage et un exercice théorique et pratique de la langue. En tant que thérapie, elle enquête sur des personnages, dans la langue, avec l'idée de rendre les gens plus heureux, de leur faire trouver la vie plus intéressante. Mais elle a aussi un intérêt psychologique technique. A la différence de ce qu'on appelait autrefois «littérature», elle offre la possibilité de voir exactement ce qu'elle est, et pourquoi il est préférable - si c'est le cas - de s'intéresser à elle plutôt qu'à la psychologie ou au langage.
Ce livre abordera ces questions par petites touches. Sans perdre de vue la finesse de la distinction de Waugh, il interrogera ce à quoi pourraient servir la langue de la psychanalyse et celle de la littérature, et ce qu'elles pourraient faire ensemble.
L'écriture de Waugh, obnubilée comme elle l'est par les mères (la nursery, boire, etc.), la méchanceté, le développement (savoir quoi faire quand, ou plutôt, dans le cas des personnages de Waugh, ne pas le savoir), et la folie (à laquelle il est fait référence à propos des gens qui n'ont «pas vraiment leur bon sens»), son écriture, disais-je, constitue un parallèle historiquement exact et lumineux avec les meilleures années de la psychanalyse britannique. En 1926, Mélanie Klein donne ses premières conférences à Londres. En 1928, Waugh publie son premier roman, Decline and Fall. En 1964, il publie son dernier livre - A Little Learning, tandis qu'un an plus tard, Winnicott fait paraître le sien dont le titre, dans la grande tradition, est tout sauf séduisant : Processus maturationnels et environnement facilitateur. Comme Waugh, la psychanalyse britannique s'intéressait plus à la dépression qu'à l'angoisse et, comme la psychanalyse britannique, Waugh ne pouvait échapper à un revival religieux. Si la psychanalyse britannique est, entre autres choses, une nouvelle description du christianisme, les écrits de Waugh sont le compte rendu contemporain le plus spirituel et le plus dévastateur de ce qu'on attendait de ce christianisme - en l'occurrence du catholicisme."
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