Le rôle joué par Rouen dans l’histoire de l’art à la fin du XIXe siècle est considérable.
Si la ville n’a cessé d’attirer les artistes depuis la Renaissance, la fascination qu’elle exerce
atteint son apogée à l’époque impressionniste, alors que se mêlent les prestiges de son essor industriel,
de son site spectaculaire et de son patrimoine architectural intact. Cette ville que Pissarro trouve
« aussi belle que Venise » devient dès lors un lieu emblématique de la peinture moderne.
Une centaine de chefs-d’oeuvres de Monet, Gauguin, Pissarro et d’autres grands peintres de la fin du XIXe siècle,
seront réunis pour explorer l’un des derniers grands thèmes de l’histoire de l’impressionnisme qui n’ait pas fait
l’objet d’une exposition : la cité normande comme laboratoire de la nouvelle peinture, entre agitation urbaine et ruralité,
vieilles pierres et industrie galopante, le tout vibrant des reflets de la Seine.
UNE DESTINATION POUR LES PEINTRES VOYAGEURS DU XIXe SIÈCLE
Bénéficiant d’une situation privilégiée sur la Seine, entre Paris et la côte normande, Rouen est une ville prisée
par les paysagistes dès le début du XIXe siècle. L’exemple donné par le peintre anglais Richard Parkes Bonington,
dont le style résolument moderne s’exprime dans des œuvres aux qualités atmosphériques saisissantes, a profondément
changé l’appréhension du paysage par les peintres français. Ayant parcouru la Normandie à ses côtés, Paul Huet,
initiateur du paysage romantique, offre des vues de la campagne rouennaise en rupture avec le courant classique,
tandis que Jean-Baptiste Camille Corot privilégie lui aussi le travail sur le motif et sur la lumière.
Considéré par beaucoup comme « le premier des impressionnistes », Johan Barthold Jongkind livre également des
vues de Rouen marquées par un sens aigu de la lumière et une recherche manifeste de l’effet pur. C’est néanmoins
avec Joseph Mallord William Turner que Rouen devient un motif d’étude à part entière, ce dont témoigne un grand nombre
d’esquisses et d’aquarelles. Non seulement les œuvres qu’il réalisa sur les bords de la Seine lui valurent ensuite
l’admiration de Monet et Pissarro, mais on note aussi que les Cathédrales de Monet ne sont pas sans évoquer
les vues de cet illustre prédécesseur.
Claude Monet, Impression, soleil levant,
1872, musée Marmottan-Monet.
De juin à septembre 2010, plus de 200 événements culturels et animations pour vivre l'Impressionnisme au présent
Normandie Impressionniste est un événement culturel, touristique et éducatif, né à l’initiative de la Communauté de
l’Agglomération rouennaise et de six autres grandes collectivités normandes : les Régions de Haute et de Basse Normandie,
les Départements de la Seine Maritime et de l’Eure, et les Villes de Rouen et de Caen.
Le festival Normandie Impressionniste mettra l’Impressionnisme à l’honneur sur tout le territoire haut et bas-normand.
D’une ampleur inédite en France, cet événement pluridisciplinaire sera l’occasion pour le public de découvrir le patrimoine
exceptionnel et toute la créativité de la terre natale du mouvement Impressionniste.
Le festival a reçu le label "d'intérêt national" par la Ministre de la Culture et de la Communication.
Le festival dévoilera l’impressionnisme sous toutes ses formes. Peinture, art contemporain, musique, cinéma, théâtre, danse,
photographie, vidéo, littérature, conférences, son et lumière, déjeuners sur l’herbe, guinguettes… le festival Normandie
Impressionniste proposera une programmation diversifiée, ouverte à tous et à toutes les formes d’expression artistique.
La peinture sera bien sûr à l’honneur. Tête de proue du festival, l’exposition très attendue « Une ville pour l’Impressionnisme,
Monet, Pissarro, Gauguin à Rouen » proposée par le musée des Beaux-Arts de Rouen présentera un ensemble exceptionnel d’œuvres en
provenance de collections publiques et privées du monde entier, dont plusieurs pièces maîtresses encore jamais montrées en France.
D’autres hauts lieux culturels du territoire normand illustreront la diversité du thème de l’Impressionnisme à travers ses origines,
ses lieux emblématiques ou ses pratiques : la Seine au musée des Impressionnismes de Giverny, l’estampe Impressionniste au musée des
Beaux-Arts de Caen, Jongkind et Boudin au musée de Honfleur, Degas au musée André Malraux du Havre, Millet au musée Thomas Henry de
Cherbourg, Renoir et Pissarro au Château-musée de Dieppe, Corot au musée de Saint-Lô, L’Ecole de Rouen au musée de Vernon, Riesener
au Musée de Lisieux… Le Fonds ‘Peindre en Normandie’ exposera une sélection de ses oeuvres à Honfleur et Grand Quevilly.
Les autres formes d’expression créative, jusqu’aux plus actuelles, seront également bien représentées : musique (concerts autour de
Debussy, Ravel, Satie…), photographie (exposition de Maxence Rifflet au Point du Jour à Cherbourg et au Pôle Image de Haute-Normandie à Rouen,
commandes à de grands photographes), art contemporain (hommage au déjeuner sur l’herbe au Frac Haute-Normandie, installations à l’Abbaye
de Jumièges), art vidéo (à l’Hôtel du Département de Seine-Maritime…), cinéma (archives Gaumont-Pathé), théâtre (dialogue entre Monet et
Clémenceau), danse ou encore spectacle vivant.
De nombreux projets éducatifs seront menés en concertation et en étroite collaboration avec les établissements d’enseignement de tous
niveaux sur tout le territoire normand. Ateliers artistiques, visites, cours d’histoire de l’art, les projets se multiplieront pour
faire découvrir aux élèves ce grand mouvement pictural, les inviter à se l’approprier et à le réinterpréter.
Le festival Normandie impressionniste est enfin un événement festif et convivial, ouvert à tous. Clins d’œil au goût des peintres
Impressionnistes pour les paysages normands : projections sur des monuments, spectacles pyrotechniques, croisières et traversées sur la Seine,
déjeuners sur l’herbe, guinguettes, itinéraires Impressionnistes et bien d’autres activités en plein air viendront compléter l’offre du festival,
en lui conférant une dimension touristique, populaire et festive.
L'impressionnisme est né en Normandie
* Une accumulation de hasards ?
* La Normandie, un terreau idéal...
* ...favorisé par l’Entente franco-anglaise
Chacun le sait : l’Impressionnisme tire son nom d’un tableau de Monet, Impression, soleil levant, peint au Havre en 1872.
Cette toile reflète à merveille une manière de peindre qui cherche à saisir l’instant éphémère, qui privilégie la couleur
par rapport à la forme et qui laisse l’œil du spectateur recomposer ce que la touche fragmentée du peintre avait dissocié.
En choisissant ce tableau pour cible de ses railleries et en qualifiant d’Impressionnistes les adeptes de cette manière de peindre,
le critique satirique Louis Leroy n’imaginait pas à quel point il était perspicace : ce faisant, à la fois il révélait la naissance
d’un courant pictural en quête de lumière, de plein air et d’impressions fugitives et il témoignait de l’origine géographique de ce mouvement.
L’ Impressionnisme surgi brusquement à Paris, en 1863, au Salon des Refusés (lequel réunissait les refoulés du Salon officiel).
En réalité, cette révolution picturale, l’une des plus importantes de l’histoire de l’Art, a émergé lentement, par transformations
successives d’un genre pictural nouveau, le « paysage », qui s’est affirmé en Normandie à partir des années 1820.
L' Impressionnisme, qui est l’expression même de la peinture claire, n’est pas sorti, comme on le dit souvent, de la sombre forêt de Barbizon, où se retrouvaient les peintres naturalistes. Quel paradoxe ce serait ! Cette peinture du moment fugitif est née sous les ciels capricieux de la Normandie, le long de ses rivages lumineux et de ses vallées verdoyantes.
Une accumulation de hasards ?
La naissance de l’Impressionnisme en terre normande peut sembler, à première vue, découler d’une série de hasards. Citons, parmi ces
« heureux hasards » et par ordre d’apparition à l’écran :
* Géricault, le héraut du Romantisme. Il naît à Rouen en 1798 et c’est là qu’il découvre l’anatomie des chevaux, qui occupent une
place si importante dans son œuvre ;
* Corot, le chef de file de l’Ecole de la nature, fait ses études à Rouen et il découvre les lumières de la Normandie bien avant celles de l’Italie ;
* depuis son enfance, Delacroix passe ses vacances au château de Valmont, près de Fécamp, avec son cousin Riesener. Il peint les falaises d’ Etretat trente ans avant Courbet et Monet et il est le premier, dans La mer vue des hauteurs de Dieppe, à
expérimenter la touche en virgule et la couleur juxtaposée des Impressionnistes
Léon Riesener, Le petit pâtre, 1838, Musée d’Arts et d’Histoire de Lisieux,
* Huet, qui est un ami intime de Delacroix, se veut « fils de Rouen ». Il conduit la peinture du Romantisme jusqu’aux débuts de
l’Impressionnisme
Paul Huet (1803 – 1869), Vue de Rouen, 1831, 195 cm x 225 cm Huile sur toile Musée des Beaux-Arts de Rouen
* Millet est originaire de Gruchy, un hameau côtier du nord Cotentin. Marié à une Cherbourgeoise, il vit des portraits de la
bourgeoisie locale lorsqu’une histoire sentimentale l’oblige à s’enfuir au Havre, où il rencontre Boudin
Jean-François Millet, L'église de Gréville, entre 1871 et 1874, Musée d'Orsay
* Courbet vient peindre sur la côte normande dès les années 1840. Il tombe amoureux d’une Dieppoise et leur longue liaison lui
donne l’habitude d’y revenir souvent
Gustave Courbet, La falaise d'Etretat après l'orage, 1870, Paris, Musée d'Orsay
* Daubigny, succombe, lui, au charme d’une Cauchoise et vient s’installer à Villerville, un « trou à moules » près d’Honfleur ;
Charles-François Daubigny, Château-Gaillard, les Andelys, 1877 Musée d'Orsay, Paris
* Boudin tient un commerce d’encadreur au Havre. Il expose des tableaux de Jongkind, de Millet et des célébrités de l’époque - Isabey, Troyon, Couture - qui l’initient à la peinture. Revenant à Honfleur, dont il est natif, il a pour voisin Baudelaire,
un poète et critique d’art génial qui s’enthousiasme pour ses Ciels au pastel
Vous aurez le plaisir d'assister dénommer "Les nuits impressionnistes", le spectacle est proposé cette année jusqu'au 26 septembre sur le Musée des Beaux Arts. Rendez-vous à partir de 23h00 en Juin et en juillet, 22h30 en août et 22h00 en Septembre.
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