Restaurer une maison ancienne: "Introduction
Être propriétaire d'une maison ancienne peut être la chose la plus douloureuse qui soit ou au contraire la plus exaltante, selon que l'on se laisse déborder par les problèmes que l'édifice rencontre ou que l'on sait tirer profit de ses particularités mêmes.
Faire le choix de restaurer une maison traditionnelle ne se fait pas à défaut de pouvoir en construire une neuve. Cela nécessite un réel attachement aux valeurs exprimées par le bâti traditionnel : l'ancrage dans une histoire régionale, la relation à un environnement particulier, la volonté de se fondre dans une communauté animée par un souci d'efficacité et de solidité des constructions sans pour autant déroger à la recherche du beau. C'est aussi faire preuve d'une culture spécifique, refusant l'ostentation et privilégiant le bon sens, la durabilité des maisons et la recherche du bien-être des occupants. Restaurer est donc une mission passionnante et difficile !
Ces maisons qui nous séduisent, vieilles parfois de plusieurs siècles, sont souvent fragilisées par notre incompréhension à leur égard. Faites pour durer, elles avaient leur logique donnant à chacun des éléments les constituant un rôle précis à jouer en fonction des matériaux naturels qui les composaient et des contraintes qu'elles affrontaient : un usage des lieux sans lien avec notre mode de vie actuel, dans un environnement parfois très agressif. Toutefois, considérer qu'une maison ancienne ne peut, quoi que l'on fasse, répondre aux exigences de notre époque, serait renoncer aux services qu'elle peut rendre aujourd'hui encore, notamment en termes de confort.
Beaucoup imaginent que la restauration d'une maison ancienne peut être exclusivement menée dans un cadre familial, chacun jouant son rôle dans les travaux, de réparation ou de modernisation, jugés nécessaires. Toutefois, la tâche est beaucoup plus complexe qu'il n'y paraît, y compris pour des interventions anodines en apparence, comme l'entretien de menuiseries d'ouverture, la reprise d'un enduit de façade ou la réfection d'un sol. De fait, la moindre d'entre elles requiert une connaissance précise des techniques traditionnelles de construction, une juste appréciation des matériaux proposés par les fournisseurs et, bien sûr, un outillage adapté.
On ne peut raisonnablement intervenir sur des maisons traditionnelles sans essayer de comprendre leur fonctionnement particulier : les aborder comme on peut aborder une construction récente serait le plus sûr moyen de les mettre en danger. Faites de terre, de bois et de pierre tirés le plus souvent de leur environnement immédiat, édifiées par des artisans détenteurs de savoir-faire transmis de génération en génération, les maisons du passé, fruits d'une longue histoire, s'apprivoisent avec lenteur. S'entourer des compétences d'hommes de l'art spécialisés dans l'ancien est donc la démarche la plus pertinente pour éviter tous les pièges d'une restauration mal conduite.
Fort de ces connaissances, on aura à coeur de valoriser cet héritage singulier sans pour autant prétendre l'enfermer dans un écrin stérile : tout habitat ancien porte les traces multiples d'interventions, plus ou moins lourdes, subies au fil du temps. Il ne s'agit en aucun cas de faire de sa maison un objet de musée mais bien de la faire vivre en accord avec son temps, en la faisant bénéficier des nouvelles technologies pour autant qu'elles ne soient pas contradictoires avec sa nature particulière et qu'elles ne mettent pas en danger la santé des habitants. Ne pas trahir l'histoire tout en introduisant un nouvel art de vivre : telle devrait être la règle dictant toute restauration."
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